Commentaire du texte suivant : Diplôme d’immunité concédé à l’abbaye de Corbie par Louis le Pieux (815), dans L. Levillain, « Examen critique des chartes de l’abbaye de Corbie », dans Mémoires et documents de la Société de l’École des chartes, t. 5, n° 23, 1902, p. 249 et s.

« Au nom du Seigneur Dieu et de notre Seigneur Jésus-Christ, Louis par la divine Providence, empereur auguste. Si nous avons répandu des bienfaits opportuns sur les lieux voués au culte divin pour l’amour de Dieu et de ses serviteurs dans lesdits lieux, nous ne doutons pas qu’une récompense d’une rémunération éternelle ne nous soit consentie en retour auprès de Dieu.
Donc, sachent tous nos fidèles, tant présents qu’à venir, que le vénérable homme Adalard, abbé du monastère de Corbie, qui fut établi dans le pagus d’Amiens [...] à nous a représenté l’immunité de notre seigneur père, le très pieux empereur de bonne mémoire Charles, où nous avons trouvé comment lui-même et ses prédécesseurs les rois de France, avaient tenu ledit monastère sous leur pleine défense et sous une protection d’immunité pour l’amour de Dieu et la révérence dudit saint lieu. Afin d’affermir cette situation, le susdit abbé Adalard nous a supplié que, pour l’amour de Dieu et la révérence du culte divin, nous joignions notre propre autorité à l’autorité de ce document ; nous avons volontiers acquiescé à sa demande et nous avons confirmé toutes les concessions par ce précepte.
En conséquence, nous commandons et ordonnons que nul de nos fidèles ou quiconque en vertu d’un pouvoir judiciaire ou aucun de nos fidèles tant présents qu’à venir, n’ose pénétrer dans les églises, lieux, terres et toutes autres possessions du susdit monastère que celui-ci possède justement et légalement [...] dans un quelconque pagus ou territoire sous la maîtrise de notre empire ou dont la divine piété voudra bien accroître à l’avenir, les droits dudit monastère, pour entendre des causes judiciaires, exiger des amendes ou impôts, requérir gîte, prendre fidéjusseurs1, contraindre les hommes tant ingénus2 qu’esclaves demeurant sur la terre dudit monastère, requérir redevance ou prestations illicites, maintenant ou à l’avenir, ou n’ait l’audace d’exiger en rien tout ce qui est sus énoncé.
Et tout ce que le fisc pouvait enlever des biens du susdit monastère, nous le concédons en totalité pour une rémunération éternelle au susdit monastère, afin que cela serve toujours à accroître les aumônes des pauvres et l’entretien des moines servant Dieu ».